Aider l’enfant à comprendre la mort
Dès son plus jeune
âge, l’enfant manifeste de la curiosité vis-à-vis de son environnement. Il
tente de le décrypter et de ses observations découlent des conclusions. Bien
que la mort relève encore de l’abstrait et qu’il pense qu’elle n’est que
l’apanage des personnes âgées ou qu’il s’agit d’un état temporaire, il est déjà
sensible à la douleur éprouvée par les personnes endeuillées. Pour l’aider à
mieux la comprendre, vous pouvez d’ores et déjà lui parler du cycle de la vie
en faisant le parallèle avec la nature : plantes, fleurs, animaux, en
expliquant que l’on naît, l’on grandit, l’on vieillit et l’on meurt. Ainsi il
aura davantage conscience des « effets du temps », de sa linéarité, mais
surtout que dans toute chose il y a un « début » et une « fin ». L’enfant peut
aussi à ce moment-là se demander ce qu’il y a « après » la mort. Si le discours
sur le sujet est propre aux croyances et aux valeurs de chacun, vous pouvez
mettre l’accent sur le fait qu’il y a bien « quelque chose », mais pas
forcément au sens où on l’entend. Ce sont les souvenirs des bons moments passés
ensemble et des actions accomplies dans la vie qui perdurent, à l’instar d’un
tronc d’arbre coupé sur lequel demeurent les cernes qui sont les vestiges des
années vécues.
Dire les choses franchement
Face à la mort, il peut être tentant pour les parents de protéger encore l’innocence de leurs enfants en inventant de belles métaphores, comme « il est monté au ciel », « il s’est endormi » ou encore « il est parti ». Pourtant ce comportement est loin de leur rendre service. En effet, il faut garder à l’esprit qu’un enfant n’est jamais « trop jeune » pour comprendre et qu’un rapport sain à la mort est indispensable dans son développement et dans son épanouissement personnel. Sans être trop cru, le sujet mérite d’être abordé de façon claire et limpide. Inutile de dire qu’un tel est mort « parce qu’il était malade », sous peine de déclencher chez l’enfant des angoisses à l’idée d’un simple rhume ou qu’un tel est mort « dans son sommeil » ce qui pourrait le rendre anxieux puisqu’il pourrait penser que dormir fait mourir… Mieux vaut dire plutôt que la personne est décédée d’une très grave maladie qui s’appelle « le cancer » ou que son cœur a arrêté de battre parce qu’elle était « très âgée » et qu’en règle générale, les personnes meurent lorsque leur corps est « trop usé ». Si l’enfant demande pourquoi untel est mort alors qu’il n’était pas vieux, vous pouvez aussi expliquer qu’il est impossible de prévoir quand quelqu’un va mourir et qu’un accident ou une maladie incurable, bien que très rares, peuvent arriver.
Accompagner un enfant face à un
décès
Difficile de prévoir la réponse d’un enfant en réaction au décès d’un proche. Certains vont éclater en sanglots, d’autres exprimer de la colère et un sentiment d’abandon, d’autres encore vont reprendre leur activité comme si de rien n’était. Et c’est tout à fait normal ! À l’instar des adultes, chaque enfant a, selon son âge, sa sensibilité, son vécu et son caractère, des manières différentes d’appréhender l’information. En tout cas, montrez-vous ouvert à la discussion et proposez-leur de les écouter. Si l’enfant exprime de la culpabilité, expliquez-lui que ce n’est pas de sa faute. S’il vous fait part de ses craintes quant à l’avenir, rassurez-le. Rappelez-lui aussi le bon temps passé avec la personne et tentez de finir la discussion sur une note positive. Et si l’enfant fuit la discussion ou semble se montrer totalement indifférent, n’insistez pas. Certains enfants peuvent préférer l’épaule d’une personne tierce, indépendante du cercle familial. Cependant, si vous constatez un changement radical dans son comportement comme un repli sur soi-même, une perte d’appétit, une apathie ou tout autre signe possible de trouble, il est plus prudent de consulter un psychologue ou un conseiller familial.
L’enfant et les obsèques
Sur la sempiternelle question de savoir s’il faut oui ou non laisser son enfant assister aux obsèques, les spécialistes sont formels. Le déroulement de la cérémonie a des effets positifs sur la gestion du deuil. Outre le fait de « dire au revoir », il permet de laisser à l’enfant une occasion d’exprimer ses émotions ou d’offrir au défunt un présent ou une création personnelle. D’ailleurs, si vous proposez à votre enfant d’assister aux obsèques d’un proche, vous verrez que dans la plupart des cas il ne refusera pas. Cependant, s’il émet des réserves, ne le forcez pas. Il arrive qu’un enfant exprime le désir de voir le corps du proche décédé. Si la demande peut surprendre, elle n’est pas intrinsèque à une volonté de combler une curiosité morbide, bien au contraire. Il y a quelques dizaines d’années, il était d’ailleurs commun de veiller les morts à la maison et il n’était pas inhabituel qu’un enfant vienne manifester un signe d’affection au défunt… Toutefois, si les obsèques relèvent d’un élément inédit pour votre enfant, prenez le temps de lui expliquer en amont les étapes de la cérémonie, les rites funéraires ainsi que la différence entre une inhumation et une crémation. Ainsi, le jour J, il ne sera pas surpris. Vous pouvez aussi lui dire qu’aux obsèques chaque personne peut avoir des réactions différentes. Certaines peuvent pleurer, d’autres rire et que ces manifestations sont indépendantes des sentiments éprouvés pour le défunt. Enfin si vous vous sentez trop affecté par le décès, vous pouvez demander à une autre personne de se tenir aux côtés de l’enfant lors de la cérémonie. En effet, si l’enfant ressent la détresse parentale, il risque d’absorber les émotions et exprimer de l’anxiété.
Commentaires
Enregistrer un commentaire