Télévision,
ordinateur, tablette, smartphone, à l’ère du numérique, les écrans sont
partout. Si les adultes sont les premiers à souffrir d’une surconsommation et
d’une surexposition, les enfants sont loin d’être épargnés par le phénomène. La
règle du « pas avant 3 ans » est loin d’être appliquée ce qui inquiète
largement les pédopsychologues. Mais quels sont les
véritables effets néfastes des écrans sur nos enfants ? Explications.
Un frein au développement
sensoriel
Bien que les écrans
soient largement à proscrire avant l’âge de 3 ans, plus de la moitié des
enfants la regardent au moins un jour sur deux et ce, avant l’âge de 18 mois.
Or, de 0 à 3 ans, ils sont dans une phase aiguë de développement. Les enfants
acquièrent progressivement le langage, améliorent leur faculté de
concentration, apprennent à appréhender leur environnement et développent leurs
aptitudes psychomotrices et leur motricité fine. Tout cet apprentissage
s’acquiert par le biais de stimuli cognitifs, sociaux et environnementaux, plus
pauvres lorsque le temps consacré à des activités pédagogiques est substitué
par une exposition aux écrans.
Fixer un écran
réduit drastiquement le champ de vision. Pourtant, un enfant nécessite les
premières années de sa vie de pouvoir explorer sereinement l’environnement dans
lequel il évolue, et ce à 360 ° ! Selon une étude menée sur des enfants de 3 à
5 ans, les enfants les plus connectés possèdent davantage de difficulté à
nommer des objets, ont un vocabulaire moins riche et présentent même une
modification physiologique du cerveau : moins de substance blanche. De plus,
les écrans favorisent une hypervigilance qui stimule à outrance le système
nerveux central et nuit au développement de certaines facultés en plus de
causer une fatigue prématurée.
Un éventail
d’autres études chez des enfants plus âgés ont également établi un lien entre
le temps d’exposition aux écrans et une diminution des capacités cognitives,
des troubles liés au stress ou à l’anxiété, un repli social, des difficultés
d’endormissement, une tendance à la dépression voire même un surpoids, des
problèmes de vue à cause de la trop forte luminosité des écrans ou des douleurs
dues à une mauvaise posture.
Cependant, d’autres
experts nuancent davantage leurs propos. Certains affirment même que les
troubles cognitifs, les problèmes de concentration, une tendance à
l’introversion seraient plutôt la cause d’une utilisation massive des écrans
qu’une conséquence. Un enfant qui présenterait ces spécificités serait donc
davantage attiré par les écrans…
Écrans
: ce qu’en dit le CSA
S’il y a bien
longtemps que les écrans se sont répandus dans les foyers, c’est en 2008 que
les premières mesures ont été prises par le Conseil supérieur de l’Audiovisuel
face à l’apparition dans les bouquets français de deux chaînes de télévision
américaines diffusant des programmes pour les enfants de 6 mois à 3 ans. Depuis
les nombreuses polémiques et les rapports des experts concernant l’impact des écrans,
le CSA diffuse chaque année durant trois jours une campagne de prévention à
l’attention des parents. Bien qu’il s’agisse de simples recommandations, le CSA
préconise de proscrire toute exposition aux écrans avant l’âge de 3 ans. De 3 à
8 ans, il conseille de limiter l’utilisation des écrans à une trentaine de
minutes par jour et de veiller à choisir un programme adapté. À partir de 8
ans, cette limite peut aller jusqu’à 1 h par jour à condition que l’enfant soit
accompagné par un parent.
Si l’opinion des
scientifiques et des pédopsychiatres semble converger, les experts de
l’Académie des sciences ne sont pas aussi formels. Ils recommandent
d’accompagner l’usage des écrans, mais pas de les proscrire. C’est aussi l’avis
de certains parents qui ne considèrent pas les écrans comme une bête noire mais
plus comme une ressource à explorer. L’idée étant d’aider les enfants à faire
des écrans des outils, un moyen d’acquérir des connaissances tout en orientant
leur pratique du numérique vers un emploi sain et maîtrisé. Une exposition aux
écrans doit être complémentaire et compatible avec un temps de sommeil adapté,
un épanouissement social suffisant et des activités stimulantes.
Aussi, d’autres
expériences ont prouvé que certains jeux vidéo permettent de développer des
aptitudes et améliorer la confiance en soi, l’esprit de déduction, la capacité
à évoluer en équipe et même plus généralement le sens de l’orientation, la
mémoire, la dextérité, parfois même le vocabulaire et la culture générale, etc.
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